logo
MENU

Association paritaire pour la santé et la sécurité
du travail, secteur "Administration provinciale"

Le travail de nuit : garder la flamme sans brûler la chandelle par les deux bouts !

Rédigé par: APSSAP

Au Québec, de nombreux travailleurs doivent effectuer leur prestation de travail la nuit. Si plusieurs apprécient ce type d’horaire, d’autres trouvent l’adaptation plus difficile. Effectivement, de nombreuses études soulignent les impacts négatifs du travail de nuit sur la santé. Heureusement, il est possible de mettre en place quelques mesures préventives pour en atténuer les effets. 

Ainsi, pour plusieurs travailleurs, le travail de nuit comporte de nombreux avantages. Selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité du travail (CCHST, 2017a), ces travailleurs bénéficient de plus de journées de congé et de plus de jours de congés consécutifs également. Ces travailleurs peuvent donc passer plus de temps pour la famille et les loisirs, en plus de passer moins de temps dans les transports. 

Cependant, bien que l’on pourrait effectivement en apprécier certains côtés, plusieurs études suggèrent que le travail de nuit pourrait être néfaste pour la santé. Le principal coupable : la perturbation des cycles circadiens !

Ces cycles sont contrôlés par notre horloge biologique, l’hypothalamus, situé au centre de notre cerveau. Cette horloge est sensible aux signes environnementaux, et en particulier aux différentes longueurs d’onde du spectre lumineux. C’est elle qui déclenche la production de mélatonine, l’hormone « du sommeil », mais également une multitude d’autres constantes biologiques comme la température du corps, la tension artérielle ou la fréquence cardiaque. Vivre à l’envers de cette horloge signifie notamment devoir digérer alors que notre système digestif est au repos, ou encore de dormir alors que notre corps produit du cortisol, l’hormone du stress. 

En somme, plusieurs problèmes de santé pourraient être associés au travail de nuit : les risques d’accident sont augmentés de 30.4% (Tirilly, Barthe et Gentil, 2015), en particulier entre 2h et 4h du matin, les travailleurs de nuit souffrent plus de certaines maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, les troubles digestifs et même certains types de cancer, en particulier le cancer du sein dont la prévalence est de 12 à 80% plus élevée chez les travailleuses de nuit (CCHST, 2014). Ce type d’horaire augmente aussi la détresse psychologique (Boivin, Tremblay et Boudreau, 2010).  

Pour éviter ces effets, ou en limiter les impacts sur la santé des travailleurs à tout le moins, des mesures préventives doivent être mises en place. 

Du côté des organisations, il est recommandé de réduire au minimum les nuits complètes de travail, par exemple de 2 à 4 nuits consécutives au maximum. Les travailleurs devraient pouvoir se reposer au moins 24 heures entre chaque série de quarts de nuit. Durant les quarts de travail, les effets du travail de nuit pourraient être mitigés en permettant de faire des siestes sur les lieux de travail, et en donnant accès à des repas de bonne qualité. (Bourdouxhe et al., 2001; CCHST, 2017b ; Tirilly, Barthe et Gentil, 2015)

Pour les travailleurs eux-mêmes, il est important de conserver de bonnes habitudes alimentaires en prenant des repas équilibrés. Plus précisément, il est recommandé, durant la nuit, de manger régulièrement, mais en petites quantités plutôt que de prendre un repas copieux. Les travailleurs de nuit devraient aussi éviter les stimulants, comme le café, durant les quatre dernières heures de travail afin de pouvoir se coucher directement après le travail. Lors du trajet de retour, il pourrait être utile de porter des lunettes de soleil pour empêcher le signal du « réveil » à l’hypothalamus. À la maison, le mieux est de dormir dans un environnement frais, le plus sombre et le plus calme possible. 

Si vous avez des questions, ou que vous souhaitez être accompagné dans la mise en place de mesures de prévention, n’hésitez pas à nous contacter en écrivant à apssap@apssap.qc.ca 

L’APSSAP, partenaire de vos actions, est toujours disponible pour vous soutenir en santé et sécurité du travail.

Bibliographie

Boivin, D. B., G. M. Tremblay et P. Boudreau. 2010. Les horaires rotatifs chez les policiers Étude des approches préventives complémentaires de réduction de la fatigue. Montréal : IRSST, Études et recherches, R-659, 118 p. (En ligne) https://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-659.pdf?v=2020-07-27 

Bourdouxhe, M., Y. Quiénnec, D. Granger, R. Baril, S. Guertin et P. Massicotte. 2001. Effets de l’horaire rotatif de 12 heures sur la santé et la sécurité des opérateurs d’une raffinerie de produits pétroliers. Montréal : IRSST, Résumé de recherche, RR-162, 54 p. (En ligne) https://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/RR-162.pdf

CCHST. 2017a. Horaires de journées prolongées : question de santé et de sécurité. (En ligne) https://www.cchst.ca/oshanswers/ergonomics/workday.html

CCHST. 2017b. Travail en rotation. (En ligne)  https://www.cchst.ca/oshanswers/ergonomics/shiftwrk.html 

CCHST. 2014. « Bien comprendre le travail par quarts ». Dans Le rapport sur la santé et la sécurité, vol. 12, no. 11. (En ligne) https://www.cchst.ca/newsletters/hsreport/issues/2014/11/ezine.html 

Tirilly, G., B. Barthe et C. Gentil. 2015. « Pouvoir se reposer au cours du poste de nuit : un atout pour le travail? ». Dans PISTES, vol. 17, no. 2, 17 p. (En ligne)  https://journals.openedition.org/pistes/4514